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Chers amis,
Un laisser-passer pour aller au restaurant ou au musée ! Ce n’est certainement pas quelque chose que je pensais un jour voter en m’engageant en politique. Ah ça, non ! Je n’ai aucune fierté d’imposer cette restriction à notre pays, pays de la gastronomie et des Lumières, qui occupait en masse les terrasses au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, pour acte de résistance au terrorisme.
C’est plutôt la mort dans l’âme que, depuis 15 mois, nous votons confinements et restrictions. Cette 4ème vague nous inquiète autant que les premières, car elle atteint une vitesse de propagation fulgurante. Avec une charge virale 1260 fois supérieure au virus souche, le variant Delta du coronavirus se diffuse 6 fois plus vite, si bien qu’il pourrait faire 140 000 nouveaux malades par jour à la mi-août, contre 80 000 en novembre 2020, niveau le plus haut depuis mars 2020. Naturellement, qui dit plus de cas positifs, dit plus de lits de réanimation occupés par des malades du Covid, qui sont d’ailleurs de plus en plus jeunes. Passer de 3 000 nouveaux cas début juillet, à 140 000 en 6 semaines, selon la projection des scientifiques, sans réagir, c’était mettre en danger des millions de Français non vaccinés.
Car il est utile de le rappeler, les restrictions de liberté votées visent à protéger les plus vulnérables qui sont aujourd’hui les personnes non vaccinées. Les autres sont protégées, par exemple avec le vaccin Pfizer, à 93,7% contre le virus et 88% contre le variant Delta.
C’est d’ailleurs une chance que ce variant n’échappe pas à l’immunité du vaccin, mais cela sera-t-il toujours le cas avec les prochains variants ? C’est aussi l’objectif de cette course planétaire contre la montre : freiner le virus et ses mutations car il sera toujours plus rapide et nocif, c’est le but d’un virus qui mute.
Après l’annonce du président de la République, le 12 juillet, plusieurs millions de Français ont pris rendez-vous pour se faire vacciner, relançant la dynamique qui avait eu tendance à s’essouffler en juin. J’avais noté une diminution de moitié des primo-vaccinés et autant de créneaux perdus dans nos vaccinodromes. Probablement que l’approche des vacances, liée à des problèmes logistiques, en était une des causes… pour autant, le virus ne prend lui aucunes vacances, en tout cas pas cette année. Il semble en effet que ce mutant ne nous offre aucun répit estival ! Peut-être est-il moins sensible à l’été, d’autant que ce mois de juillet ressemblait parfois à un mois d’octobre.
L’objet de ce passe sanitaire est donc de freiner la propagation du virus, de protéger ceux qui ne sont pas immunisés et bien sûr d’inciter à la vaccination. Moyen le plus sûr d’arriver à l’immunité collective. Qui n’a pas révélé sur les 3 milliards de doses dispensées plus de risques que de bénéfices. Qui est basé sur une technologie ARN messager mise au point il y a déjà plusieurs décennies.
L’objet du passe n’est pas de punir, même si je conçois que ce soit ressenti comme cela par les anti-vaccins. Mais plutôt que d’imposer une vaccination généralisée (seule alternative proposée lors du débat parlementaire, mais tous les partis politiques arrivant finalement au consensus qu’il faut éviter à tout prix un nouveau confinement) le passe, en laissant le choix entre plusieurs justificatifs, offre cette ultime liberté de ne pas se faire vacciner. La vie est tout à fait possible sans passe sanitaire. Si les restaurants et les lieux de culture ont démontré qu’ils étaient essentiels, la vie est possible sans eux. Enfin, si vous avez été malade ou si vous faites un test, cela vaut passe sanitaire également. Certes, à l’automne, les tests deviendront payants. Mon sentiment, sur cette question très française, c’est que s’il y avait eu un reste à charge sur les tests, depuis le début, comme il y en a sur quelques rares mais néanmoins persistants soins, cela aurait convaincu de nombreux anti-vaccins de changer d’avis.
Ce luxe de ne pas se vacciner, quand la planète entière court après l’immunité, est un problème de pays riche. Je sais qu’en le formulant ainsi, je braque quelques-uns, mais puisqu’on nous taxe, nous députés de la majorité, de soldats à la botte d’un pouvoir totalitaire et fasciste, cela me donne le droit de le dire : ne pas se vacciner est un encore un droit. Nous verrons si la situation nous permet de préserver ce droit encore longtemps. Mais si on en fait usage, il faut assumer quelques devoirs.
Il ne serait pas normal de confiner les Français, quand on sait que 57% sont désormais immunisés.
Alors oui, je crois qu’en face d’une telle crise, il n’y a pas de bonnes décisions. Les confinements ne sont pas une bonne solution, le couvre-feu non plus, pas plus que le passe sanitaire. Oui, on peut crier sur les réseaux sociaux ou dans des manifestations que nous vivons en dictature. C’est le propre d’une démocratie de l’autoriser. Mais avec lucidité, chacun pourra reconnaître que c’est le virus qui restreint les libertés.
Ma seule fierté, finalement dans cette histoire, c’est que les députés de la majorité et quelques-uns du parti des Républicains et de l’UDI, comme la majorité des sénateurs, ont décidé de ne pas céder à la tyrannie des menaces de mort et de voter ce que seul commande leur mandat : l’intérêt général.
Caroline ABADIE,
Votre députée