La mort d’un jeune homme de 17 ans est toujours dramatique. D’autant plus sous le feu d’un policier. Même si Nahel n’avait rien à faire au volant de cette voiture, les images ont choqué. Pour comprendre et faire la transparence, c’est à la Justice de notre pays, et à elle seule, d’établir la vérité et de juger les suspects. Le déferlement de colère, suivi du bas business de pillage, plonge certains dans des conclusions hâtives. La récupération d’un phénomène inédit pour accréditer des thèses politiques, portées depuis 3 ou 4 décennies par les mêmes cyniques, est malheureusement systématique. Les droites les plus extrêmes réclament l’expulsion des délinquants étrangers, alors que 90% des 4 000 interpellés sont français. 40 personnes seulement sont éligibles à un centre de rétention administratif. Le problème, ce sont les jeunes délinquants, pas les étrangers. Ils ont en moyenne 17 ans, soit 1/3 de mineurs (le plus jeune avait 11 ans), 60% étaient inconnus de la Justice. Ils sont à 98% de sexe masculin, pas encore des hommes, mais des garçons ! Les gauches les plus anti-républicaines excusent voire légitiment les émeutiers victimes d’une police ayant prétendument « un permis de tuer » depuis la loi Cazeneuve. Adoptée en février 2017 après l’agression aux cocktails Molotov, quelques mois auparavant, de 4 policiers à Viry-Châtillon, elle a assoupli la réglementation sur l’usage des armes à feu pour les policiers, l’alignant sur celle des gendarmes. Depuis les forces de l’ordre n’ont la possibilité d’utiliser leur arme qu’ “en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée”, notamment en cas de refus d’obtempérer d’un véhicule “dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui”. Auparavant, les policiers devaient prouver la légitime défense, comme n’importe quel citoyen. De la violence, ne naitra pas la Justice. L’urgence était d’abord le retour à l’ordre. Le retour à l’ordre, nous le devons aux 45 000 policiers et gendarmes qui ont été mobilisés au pic des nuits de violence, au détriment de congés tant mérités pourtant. Le retour à l’ordre, nous le devons aussi aux sapeurs-pompiers qui ont combattu plus de 12 000 incendies de voie publique, quelques 6 000 incendies de véhicules, et encore 1 100 incendies de bâtiments. Nous déplorons plus de 800 forces de l’ordre blessés et le décès en service du Caporal-chef Dorian Damelincourt, sapeur-pompier de 24 ans. Le retour à l’ordre, nous le devons à la célérité de notre Justice : à n’en pas douter la circulaire du Garde des Sceaux appelant à une réponse pénale « rapide, ferme et systématique » à l’encontre des auteurs de violences urbaines, y compris à l’égard des mineurs aura calmé les esprits. Dès mardi, 350 personnes étaient déjà placées en détention, 700 déférées et près de 800 encore en garde à vue. Il faudra aussi engager la responsabilité des parents qui ont laissé leurs enfants trainer dehors un soir d’émeute : recours à la force publique pour faire venir les parents qui ne se présenteraient pas à une convocation de leur enfant devant la justice ; réparation des dégâts commis par leurs enfants ; poursuite en cas de “graves manquements” à leurs obligations légales. Mais nos quartiers ne se résument pas à une bande d’émeutiers. Oui, dans nos quartiers naissent des jeunes qui saisissent toutes les chances que la République permet pour se construire un avenir et pour participer à la construction de la France. L’égalité des chances n’est pas parfaite, ils le savent, mais savent aussi que la France s’efforce tant bien que mal à réduire les inégalités. Et les premiers à pleurer ces dégradations, ce sont eux ! Ceux qui perdent leurs écoles, leurs bibliothèques, leurs commissariats. Ce sont ceux qui ont bénéficié de 12 milliards d’€ en rénovation urbaine depuis 2017. Ce qui ont vu les classes de CP et CE1 dédoublées. Ce sont les 100 000 personnes ayant bénéficié d’emplois francs. Ceux là jugeront durement les irresponsables politiques qui ont osé dire que la fin justifiait les moyens. Comme si on pouvait se nourrir d’une basket Adidas ! Oui, parce que bizarrement ce ne sont pas les magasins d’alimentation bio qui ont été pillés en premier… Les 1000 commerces saccagés et pillés, (parfois par leurs propres salariés !!), savent pouvoir compter sur nous, qui les avons soutenus au cours des précédentes crises, sans faillir. Bruno Le Maire, de négociation avec les assureurs du montant des franchises notamment, en report ou extinction de dettes sociales et fiscales, est à pied d’œuvre depuis la semaine dernière. 300 maires dont les communes ont été touchées par les violences ont été reçus à l’Élysée. Entendre leur témoignage, leur analyse ou leur incompréhension, et être à leurs côtés. Après le rétablissement de l’ordre, et en parallèle d’une nécessaire réflexion sur la politique de la ville, il s’agira de réparer et reconstruire. Le chef de l’État a annoncé une loi d’urgence pour accélérer les procédures administratives et les fonds nécessaires en lien avec les assureurs. Dans ce moment si particulier que nous venons de vivre, je retiens la phrase de notre Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui nous rappelait que la République est un équilibre et que, oui, il faut de l’ordre et de la fermeté ; mais l’ordre juste n’est pas juste l’ordre.