Ils sont las, affamés par un blocus illégal qui les a coupés du monde pendant 9 mois. Ils ne veulent pas que l’histoire se répète. Après une offensive militaire déclenchée par l’Azerbaïdjan, ils ont quitté le Haut-Karabagh. Ils ont rejoint l’Arménie.
Ils étaient 99% d’arméniens à vivre dans cette enclave en territoire Azéri. C’est Staline, qui en 1923, avait décidé de rattacher cet oblast autonome de l’Union soviétique à l’Azerbaïdjan. Après la guerre de 1988-94, ils avaient autoproclamé leur République du Haut-Karabagh. Personne n’avait reconnu cette sécession, pas même l’Arménie. Pourtant ils tenaient à leur démocratie. Et elle tenait depuis 30 ans. Peut-être que le groupe de Minsk, aujourd’hui impuissant, avait pu tout de même geler les velléités de revanche. Peut-être que l’effondrement de l’URSS leur avait donné un répit. Du moins jusqu’à l’autre guerre. Celle de 2020 qui en 44 jours a permis au régime d’Ilham Aliyev de prendre le Haut-Karabagh. Qu’ attendre d’autres de ceux qui ne reconnaissent toujours pas le génocide arménien ?
24h ont suffit à faire basculer l’Histoire, parce que cela fait un siècle et même plus qu’on se fait des guerres. Les autorités séparatistes ont annoncé la dissolution de leur république la semaine dernière.
Par la voix de sa ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Madame Catherine Colonna, la France a réaffirmé son soutien au peuple arménien et aux réfugiés du Haut-Karabagh. Elle a annoncé le triplement de l’aide humanitaire au bénéfice des populations du Haut-Karabagh qui atteint 12,5 M d’euros depuis le début de l’année. Une aide médicale d’urgence a été remise aux autorités arméniennes, destinée en particulier à la prise en charge des victimes de l’explosion du dépôt de carburant qui a eu lieu en septembre. La France a fait son devoir moral en répondant à cet appel à l’aide de l’Arménie.
L’émoi que suscite ces évènements mobilise également la représentation nationale. Députés et sénateurs, de tous bords politiques, ont apporté leur soutien au peuple arménien en se réunissant devant l’Assemblée nationale le 26 septembre dernier.
Mais pendant ce temps-là, Ursula Von de Leyen continue d’acheter du gaz à son partenaire « fiable », Ilham Aliyev, président de la République d’Azerbaïdjan. Oui, diversifier nos sources d’approvisionnement est important. Oui, l’Union européenne s’est construite sur la base d’accords commerciaux. Mais comment a-t-on pu oublier que la philosophie des fondateurs de cette communauté économique était la paix entre les peuples ! Comment peut-on espérer faire prospérer le modèle démocratique, en renforçant économiquement et politiquement les dictatures ? Un dirigeant qui fait torturer ses opposants dans ses prisons et qui va jusqu’à tenter de les faire assassiner en France n’est rien d’autre qu’un dictateur.
Aujourd’hui, la paix et la stabilité dans le Caucase du Sud sont plus que jamais menacées. L’Arménie se trouve à un carrefour critique de son histoire. Si la France poursuit son soutien indéfectible via l’aide médicale d’urgence aux réfugiés du Haut-Karabagh, il faut qu’elle se prépare, aux côtés de l’Arménie qui peut s’inquiéter légitimement des étapes prochaines que franchiraient ses voisins. Car en plus d’une amitié qui lie nos peuples depuis longtemps, ce qui se joue là-bas concerne toutes nos démocraties. Nous ne pouvons accepter que la force prime sur le droit, que la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une démocratie soient impunément bafouées.