Réclamer l’internement des fichés S relève de la plus grande démagogie, sauf à violer l’État de droit et à enfermer des individus n’ayant pas commis d’infraction préalable.

 

Samedi 12 mai, la France a une nouvelle fois payé le prix du sang: un terroriste a commis une attaque barbare en tuant et blessant au couteau des innocents dans les rues de Paris. Contre la barbarie de fanatiques qui se réclament de Daech, le Gouvernement agit. Face à ceux qui tentent de diviser la communauté nationale et cèdent aux basses manœuvres politiciennes, il faut rendre hommage au courage des forces de l’ordre pour protéger les Français. Ces héros du quotidien ont permis ce soir-là d’éviter un bilan plus lourd. Depuis 15 mois, ils ont déjoué 22 attentats. La menace reste élevée et le risque 0 n’existe pas: le Gouvernement agit pour protéger les Français et combattre ceux qui, par leurs actions ignobles et criminelles, veulent porter atteinte à nos valeurs et à ce que nous sommes.

Dès notre arrivée aux responsabilités, nous avons voté la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT) pour donner, dans le respect de l’État de droit, tous les moyens juridiques nécessaires à nos services. Contre les prêcheurs de haine, la loi SILT a ainsi déjà permis de fermer 3 mosquées. Elle fera l’objet d’une évaluation en 2020: si certaines mesures s’avèrent inadaptées, elles seront supprimées, si des stratégies nouvelles des terroristes l’imposent, cette loi sera complétée. Des moyens financiers et humains inédits sont consacrés à la lutte contre le terrorisme: le budget des services de renseignement intérieur a été augmenté de 17% pour l’année 2018 et 1900 agents seront recrutés dans les 5 ans. Sur l’ensemble du quinquennat, 10.000 policiers et gendarmes seront recrutés. Pour coordonner efficacement notre action anti-terrorisme, la Coordination Nationale du Renseignement, directement placée sous l’autorité du président de la République, a été mise en place. Pour lutter contre la radicalisation, 1500 places de prison dans des quartiers étanches seront créées dont 450 dès cette année. Contre l’hydre islamiste, pour combattre le terrorisme à la racine, nos soldats combattent l’organisation État islamique au Levant. Rappelons que ceux-là même qui critiquent l’action du Gouvernement sont restés étrangement complaisants à l’égard de leurs amis allés à Damas soutenir le régime de Bachar Al-Assad, responsable d’avoir favorisé l’apparition de Daech en Syrie.

Réclamer l’internement des fichés S relève de la plus grande démagogie, sauf à violer l’État de droit et à enfermer des individus n’ayant pas commis d’infraction préalable. Etre responsable et digne, c’est s’abstenir de raccourci simpliste et dangereux pour la sécurité des Français. C’est aussi écouter les professionnels, quel que soit leur camp politique, sur l’utilité des Fiches S plutôt que de proposer des solutions spectaculaires, inefficaces et qui violeraient l’État de droit. Frédéric Péchenard, ancien directeur général de la police nationale, a rappelé la qualité du renseignement dans la détection des signaux faibles grâce aux Fiches S et plaide pour un renforcement du renseignement pénitentiaire. Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID, propose de confier à un groupe de haut niveau le soin de purger le bas du spectre des fiches S, qui ne contient pas que des personnes radicalisées. Ces propositions de professionnels, constructives, sérieuses et réfléchies méritent d’être étudiées pour renforcer la sécurité des Français.

Le respect de l’État de droit, qui nous différencie des terroristes barbares, et l’efficacité de la lutte anti-terroriste méritent mieux que les basses récupérations politiciennes. Pensons aux victimes et à leurs proches, rendons hommage aux forces de l’ordre, donnons-leur les moyens de leur action, et ne divisons pas la communauté nationale: la France doit être unie pour ne pas céder un pouce aux ennemis de la liberté.

Caroline Abadie et Marie-Hélène Régnier sont déléguées à la Garantie des libertés et de la sécurité, La République En Marche