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Chers amis,
Quand dans un même mois, on a un des symboles de l’histoire et de la littérature française, le monument le plus visité d’Europe, qui brûle, des manifestations de casseurs qui veulent semer le chaos, des annonces du Président de la République qui sont condamnées à chaud par ses opposants politiques, le tout abondamment commenté sur Internet, on a de quoi rester perplexe.
Une responsable de l’UNEF qui dénonce sur twitter le mouvement de solidarité pour Notre Dame et l’identifie à un « délire de petits blancs ». D’autres tweetos opposant une « France chrétienne » à l’islam « qui ne devrait normalement pas s’implanter ni coloniser les pays d’Europe chrétienne ».
D’autres réactions aussi épidermiques sur les riches qui n’auraient pas dû donner si vite leurs millions pour sauver Notre Dame, car ils n’en feraient pas autant pour les pauvres, en oubliant largement qu’ils sont les plus gros employeurs de notre pays et que ce dont on a besoin c’est plus d’entreprises françaises qui réussissent, même si au passage, malheureusement (?), les patrons s’enrichissent, les salauds !
Un chef de l’Etat qui annonce l’abaissement des seuils du référendum d’initiative partagé de 4,5 millions à un million de citoyens, la baisse de l’impôt sur les revenus de 5 milliards, une ré-indexation des retraites de moins de 2000€, la reconduite de la prime jusqu’à 1000€ sans charge et sans impôt pour 2020, la création de lieu de service public dans chaque canton, ou encore le versement automatique des pensions alimentaires aux mères célibataires, mesurent qui s’ajoutent aux 10 milliards de pouvoir d’achat redistribué en décembre dernier. Et des opposants politiques, gilets jaunes ou pas, qui commentent à chaud sur les plateaux de télévision ces annonces, étonnement avec des mots durs et acerbes qu’ils n’avaient bien évidemment pas préparés avant la conférence de presse. Auraient-ils pu ne pas être déçus, puisqu’ils étaient déjà persuadés que le grand débat national leur avait été volé. Et oui, il y avait aussi des citoyens constructifs au grand débat. Mais des citoyens aussi.
Oui, je suis perplexe. Et je me demande comment endiguer cette colère qui semble ne pas vouloir voir les solutions apportées, bien sûr insuffisantes. Comment endiguer les raccourcis et les postures de certains, qui n’aident pas le plus grand nombre à appréhender ce monde si complexe et si nuancé. Comment endiguer le populisme autrement qu’avec des messages de 280 caractères ?
Pour ce qui est de l’explosion de haine sur internet, qui frappe tout le monde même les gilets jaunes, nous travaillons en ce moment sur une proposition de loi déposée par le groupe LaREM et qui sera votée avant l’été. Le principe est d’endiguer les messages haineux en raison de l’origine, du sexe, de l’orientation sexuelle, de la religion ou du handicap. Les auteurs de tels propos, dans la rue comme sur le web, sont déjà condamnables. Mais nous voulons responsabiliser les réseaux sociaux dans cette lutte afin qu’ils facilitent le signalement de ces contenus manifestement illicites et qu’ils les retirent sous 24h. Le tout assorti de sanctions pénales et administratives à leur encontre.
Internet n’est pas une zone de non droit et les Etats doivent rétablir leur souveraineté dans l’application de la loi sur les réseaux sociaux, où que soient établis les sièges sociaux. C’est une avancée incroyable pour rétablir le civisme en ligne.
Mais surtout, il faudrait à nouveau faire parler et écouter les gens modérés, et pas seulement ceux qui beuglent pour faire le buzz. Les gens modérés, ceux qui expriment leurs points de vue calmement, sans injonction, ni injure, sont en fait une majorité mais une majorité silencieuse qu’on n’entend pas beaucoup. Le grand débat leur a donné l’occasion de s’exprimer et d’apporter une importante contribution.
C’est aussi pour retourner au contact de ceux qui ne se font jamais entendre que je retournerai en mai sur les routes de la circonscription à leur rencontre. Comme l’année dernière j’ai envie d’entendre tout ceux qu’on n’entend pas habituellement. J’ai envie d’entendre les projets, les idées, les problèmes et les reproches des gens qui ne cèdent pas aux excès ou aux colères.
Alain Juppé nous disait encore lors de son audition en commission des lois de l’Assemblée Nationale pour accéder au conseil constitutionnel : « la modération, ce n’est pas la facilité, il faut beaucoup de courage pour être modéré. »
Quand dans le même mois, des énergumènes, honteusement cagoulés, appellent les forces de l’ordre, ceux qui sauvent et protègent au péril de leur vie, à se suicider, j’avoue que je ne suis plus perplexe, mais énervée par tant de bêtise, de lâcheté, d’excès concentré dans si peu de personnes. Alors, pour tenter de me modérer, je n’en dis pas plus.
Votre députée,
Caroline Abadie