Newsletter du mois d’octobre

Communauté de valeurs contre communautés de revendications

Chers amis,
4 personnes assassinées à la Préfecture de Police de Paris le 3 octobre.
2 personnes gravement blessées par balles à la mosquée de Bayonne le 28 octobre.
Après la stupeur, l’émotion, la tristesse face à la folie meurtrière de deux individus, me vient rapidement une colère froide contre ceux qui manipulent les fous, bientôt les foules.
Dans notre République pourtant laïque, il est désormais devenu impossible de parler de religion sans que ça devienne électrique.
Quoi qu’on dise, on est taxé par les uns de laxisme ou d’islamophobie par les autres. Aussi, je vais tenter de peser chaque mot de cette newsletter, d’autant que ma réflexion est encore en cours, avec cependant peu d’espoir que les deux camps situés à chaque extrémité de ce spectre me comprennent. C’est la logique des postures.
D’abord stop à l’amalgame : les Français musulmans sont pour la plupart français dans le respect des valeurs et des lois de la République, la mienne, la vôtre, la leur, la République une et indivisible. C’est bien pour cette raison que j’écris « Français musulmans » et non pas comme on le voit de plus en plus les Musulmans de France, comme si ces derniers n’étaient en fait que de passage. Ils sont Français, nés en France qui, dans une écrasante majorité, aspirent à vivre comme des citoyens comme les autres, en paix. Ils pratiquent leur religion, leur vision de l’Islam, chacun à leur manière, et bien souvent de façon modérée. Ils ne posent aucun problème depuis des décennies, pas plus que quiconque toutes religions confondues, athées compris. Ils chérissent la laïcité autant que moi.
Pourtant bien souvent on oppose islam et laïcité.
Et puis il y a les communautés. Et là encore, des communautés, il y en a plein, de toutes sortes. Comme les Français expatriés à l’étranger qui se rassemblent en communauté, il y a aussi des communautés en France. D’étudiants norvégiens d’ERASMUS, d’Anglais, ou bien sûr, cela n’aura échappé à personne, de toutes les religions. Là encore, la plupart des communautés se conforment aux lois de la République et ne revendiquent pas que la société française s’adapte à leurs habitudes, à leurs coutumes, à leur culture, ni à leur religion. C’est la République, une et indivisible qui prime, guidée par l’intérêt général. Au milieu de tout ça, il y a des communautés qui revendiquent des adaptions à nos règles de vie en commun, parmi celles-ci celles pratiquant un islam ultra-orthodoxe. Mais pas seulement. Même si ces exemples sont moins médiatisés car moins fréquents, on peut parler de l’accès au soin des témoins de Jéhovah comme de l’enseignement de la théorie de Darwin pour les évangélistes.
Le communautarisme ne poserait pas de soucis, s’il n’était pas assorti de revendications politiques qui sont en contradiction avec les valeurs de la République à commencer par l’égalité entre les femmes et les hommes.
Un mot d’immigration aussi, pour bien préciser que les deux ne sont pas liés. La montée de cet islamisme politique n’est pas le fait de l’immigration récente. Ce serait la 2ème génération issue des vagues d’immigration des années 60, 70 et 80 qui, en quête d’identité, aurait adopté un islam plus orthodoxe que celui que leurs propres parents pratiquaient en arrivant en France.
Quand on pousse ces revendications politiques au point le plus dur, jusqu’à l’intransigeance totale, on obtient de la violence. C’est la radicalisation de tout mouvement.
Aussi, pour comprendre comment 4 policiers parisiens ont pu périr sous les coups de couteau de l’un des leurs, au sein même de leur quartier général, il ne faut pas éluder ces revendications politiques et donc la montée du communautarisme dont sont la proie de nombreuses villes. Mais il faut aussi comprendre comment la radicalisation a pu pénétrer et tuer pendant 7 minutes dans le saint des saints de la sécurité en France. Ce sera l’exercice de notre commission d’enquête sur l’attaque de la Préfecture de Police de Paris, dont je serai membre pour les 6 prochains mois à l’Assemblée nationale. Elle devra répondre aux questions de procédure et d’organisation qui sont largement remises en cause.
Exercice périlleux, qui ne doit pas basculer dans la stigmatisation des Français musulmans qui ne toléreront pas de nouvelles discriminations sans perdre eux aussi confiance dans nos valeurs, mais les considérer comme des enfants de la République à part entière.
Votre députée,
Caroline Abadie