Les événements du 1er mai 2018 avaient déjà défrayé la chronique.

La violence et le nombre des manifestants d’un nouvel ordre sont intervenus dans un contexte tendu.

Il apparait utile de rappeler le contexte qui, s’il ne justifie en rien les comportements, permet de comprendre comment ils ont été possibles.

Au printemps, le gouvernement avait décidé de rétablir le droit à Notre-Dame-Des-Landes et dans des facultés occupées.

En parallèle, de nombreuses manifestations se déroulaient à Paris et ailleurs, qu’il s’agissait de sécuriser compte tenu de la menace terroriste toujours très élevée.

Face à ces tentatives de plus en plus nombreuses, provocatrices et violentes, un chargé de mission de l’Elysée aurait été invité à observer les opérations de maintien de l’ordre durant les manifestations du 1er mai. Nous avons tous vu ces cohortes de blackblocks venus par centaines provoquer nos forces de l’ordre qui, avec sang-froid, protègent la population, à commencer par les manifestants eux-mêmes.

Ils sont insultés, harangués et agressés mais imperturbables face à la provocation.

Dans ce contexte, bien qu’observateur, Monsieur Benalla n’a pas su garder son sang froid et a outre passé son rôle.

Ce que je relève des auditions de l’IGPN, c’est que ce comportement n’a pas été disproportionné, certes mal assuré, mais professionnel. Pourtant, nous qui n’avons pas l’habitude, les images nous avaient choqués. La pression de ces images, l’hypothèse d’une milice privée et d’hommes au-dessus des lois au sommet de l’Etat, nous ont poussés à créer, moins de 24h après la révélation de cette vidéo, une commission d’enquête à l’Assemblée nationale. S’il est vrai que les députés de l’opposition ont largement contribués à pressuriser l’hémicycle, il est aussi vrai que les députés de La République En Marche n’avaient aucune intention de couvrir cet individu, aussi proche soit-il d’Emmanuel Macron.

En parallèle, le ministre de l’intérieur a convoqué une enquête de l’IGPN et une enquête judiciaire était, elle aussi diligentée. Malgré ces 3 enquêtes ouvertes rapidement, l’opposition a continué son travail d’obstruction jusqu’au dimanche empêchant à dessein la réforme constitutionnelle de se poursuivre. Ce projet de loi est un préalable à la réduction de nombre de parlementaires, au non cumul des mandats et à l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives, pour ne citer que les points les plus marquants.

Nous le savons, l’opposition est très virulente quand il s’agit de protéger sa place. Durant 4 jours, ils ont relayé des informations sorties de la presse ou des réseaux sociaux qui ont été démentis lors de nos auditions. C’est le cas du salaire, de l’appartement et de la voiture de fonction.

Mais si les informations fusent, sans preuve ni fondement, elles infusent toujours un jeu. Les députés de l’opposition, protégés par leur liberté totale de parole dans l’enceinte de l’Assemblée nationale se sont allégrement assis sur un droit fondamental, celui de la présomption d’innocence et sur un principe, celui de la séparation des pouvoirs.

La rumeur d’une milice privée de barbouze avait enflé lentement. Elle s’est dégonflée comme un ballon de baudruche. Auditions après auditions, cette thèse s’est révélée fantasmagorique.

Alexandre Benalla a sur le terrain, outrepassé son statut d’observateur. Certes, mais des auditions ressort également un flou juridique sur le statut d’observateur notamment.

Il restera de cette histoire une dérive lente et profonde de notre société. Un vidéaste, dont personne ne s’interroge sur ses motivations à filmer la scène avant qu’elle ne commence, ni son rôle dans les manifestations dont il a l’air un grand habitué.

Je crains ces débordements, car les esprits échauffés ne sont pas toujours contrôlables. Je les crains aussi en séance à l’Assemblée nationale, quand les caméras tournent. Mais pour un coup de communication, jusqu’où iront ceux qui savent si bien orchestrer l’agitation ?

Cette affaire n’est donc pas une affaire d’Etat mais une affaire d’hommes. Dans la chaleur de l’été, il a rempli les pages des journaux après l’union nationale qui a suivi la victoire des bleus.

On a cru tenir le faux pas du Président de la République.

Franchement, quand on vient de lancer la réforme de l’apprentissage, du dialogue social, de la retraite, du transport ferroviaire, de la justice, de l’agriculture, du logement social, du droit de la construction…. Et qu’il reste encore tant à faire, ce fait d’un ou de plusieurs hommes (l’enquête judiciaire le déterminera), ne saura ni nous arrêter, ni nous freiner.

Cet épisode est regrettable et les trois enquêtes apporteront leurs lots de condamnations et de recommandations.

La recherche de l’exemplarité ne consiste pas en un comportement vertueux inaccessible et indéfini. Le respect du droit en revanche l’est ! Une République exemplaire, ce n’est pas une République infaillible. Car rien ni personne n’est infaillible. Une République est exemplaire dans sa manière de corriger ses erreurs.