Le 9 mars dernier se sont clôturés près de 10 mois travaux de la Mission d’Information sur l’émergence et l’évolution des différentes formes de racisme pour laquelle j’étais rapporteure. Créée par la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale et constituée le 24 juin 2020, cette mission est née de la nécessité d’examiner en détail les questions de racisme et d’antisémitisme en France.
Alors que l’on observe une plus grande ouverture d’esprit, davantage de tolérance et de diversité au sein de notre société, les actes et discours à caractère raciste et antisémite connaissent pourtant une hausse très inquiétante.
Nous devons écarter toute tolérance à leur égard et réprimer sévèrement ceux qui les commettent. Même si la France dispose d’un arsenal juridique parmi les mieux armés au monde pour lutter contre le racisme, nous devons encore le renforcer et adopter de nouvelles mesures pour combattre les préjugés à l’origine du racisme.
C’est dans cet objectif que nous avons auditionné plus de 80 personnes d’horizons très différents, allant d’intellectuels et historiens aux acteurs associatifs, en passant par des responsables publiques et représentants politiques. Ce travail de fond nous a permis de mieux comprendre les différentes formes de racisme, dans leur dimension historique, et d’identifier leurs manifestations dans notre société.
Dans un contexte d’actualité particulièrement brûlante, notamment avec les événements du printemps 2020 et le meurtre de George Floyd aux États-Unis, notre mission s’est aussi attachée à dépassionner des sujets extraordinairement sensibles et prendre le recul nécessaire pour les analyser.
La lutte contre le racisme doit être replacée au premier plan de nos priorités et il est urgent de se mobiliser à toutes les échelles de la société, acteurs privés, publics et associatifs.
Dans mon rapport, publié sur ici sur le site de l’Assemblée nationale, j’ai formulé 56 propositions pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme à travers plusieurs axes d’action tels que :
- Connaitre, faire connaître et reconnaitre grâce à un travail de mémoire dans l’espace public, une augmentation des moyens dédiés à l’enseignement de ces sujets et une reconnaissance des modèles de réussite issus de la diversité.
- Apporter une réponse universaliste qui prend en compte l’ensemble des territoires et des publics à travers des politiques d’égalité des chances.
- Professionnaliser la lutte contre le racisme et l’antisémitisme en augmentant les moyens dédiés aux acteurs associatifs et publics tout en renforçant la formation à ces questions.
- Renforcer l’efficacité de la réponse pénale aux infractions à caractère raciste.
Nous devons aussi entreprendre un très grand travail de déconstruction des préjugés et admettre que nous sommes tous potentiellement victimes de nos propres préjugés.
J’invite chacun d’entre nous à se poser la question : en quoi mon comportement peut entraîner des discriminations et comment je peux y remédier ?
Enfin, je terminerai avec les mots de M. Pap Ndiaye, historien : “ Le racisme est apparu à un moment donné dans l’histoire des hommes. Il peut aussi disparaître. “