Ce lundi 7 octobre, sur la proposition du Président de la République, s’ouvre à l’Assemblée nationale un débat sur la politique migratoire de la France. C’est un sujet qui préoccupe beaucoup d’entre nous, certains pensant que notre pays n’a plus forcément les moyens de sa générosité, d’autres au contraire qu’il se referme trop sur lui-même.

Il est donc légitime d’en parler, mais en écartant les  fantasmes et contre-vérités qui viennent fausser le débat. D’après une pétition qui circule largement, nous serions submergés par une immigration de masse détruisant notre pays, à cause du regroupement familial, du droit du sol, ou encore de l’accès incontrôlé aux prestations sociales.

C’est faux, parce que le regroupement familial est stable ces dernières années, et concerne majoritairement des Français et des Européens qui sont rejoints par un conjoint ou un parent.

C’est faux, parce que le droit du sol n’a plus rien d’automatique, et qu’un enfant doit attendre d’avoir 13 ans et vécu au moins cinq ans ici pour obtenir la nationalité française.

C’est faux, parce qu’un étranger en situation irrégulière ne peut pas recevoir le RSA ou une allocation logement, et que les allocations familiales ne sont versées que pour des enfants nés en France.

C’est faux, parce que la France attire surtout des compétences, comme en témoignent les 120.000 « passeports talents » délivrés aux travailleurs hautement qualifiés en 2018.

La solution n’est pas de nous barricader comme certains l’exigent, mais d’agir comme nous le faisons au Gouvernement et à l’Assemblée depuis deux ans, avec lucidité et humanité :

– en intégrant mieux ceux auxquels nous accordons l’asile, en leur donnant accès à plus de cours de langue française et aux formations professionnelles vers les métiers en tension;

– en renforçant notre aide économique aux pays en développement, qui a déjà augmenté de plus de 20% depuis 2017;

– mais aussi en surveillant mieux les frontières françaises et européennes, en démantelant avec fermeté les réseaux de passeurs et en étant plus efficaces pour éloigner les personnes en situation irrégulière – 12.000 reconduites en 2016, mais déjà presque 16.000 l’an dernier.

C’est notamment sa tradition d’accueil et son ouverture au monde qui ont fait de la France un des pays les plus influent sur la scène internationale. Faisons bien attention à ce que les murs que certains veulent dresser autour de nous ne nous enferment pas à notre tour. Plus de deux millions de Français travaillent à l’étranger et y construisent leur vie. En France, plus de 360.000 frontaliers font la navette vers les pays voisins, dont 110.000 Rhône-Alpins travaillant chaque jour en Suisse. Voulons-nous renoncer à ces emplois et aux retombées économiques dont bénéficie largement notre territoire?

Les nouveaux flux migratoires représentent un réel défi auquel nous devons nous adapter, à l’échelle nationale, mais aussi européenne. Plus que des anathèmes, ce débat mérite franchise et surtout honnêteté.